24 octobre, impossible de dormir, alors je pense et j’écris dans le noir…
C’est drôle comme les rôles s’inversent, il y a 15 jours piles, j’étais en salle des parents, telle un zombie, complètement retournée par la nouvelle que je venais d’apprendre, écoutant les gens parler. On aurait dit qu’ils étaient chez eux, ce lieu leur semblait tellement familier, et ce soir, les rôles étaient inversés, il y avait cette femme avec le regard plein de tristesse, l’air perdu et moi qui prenait mon n-ième repas dans cette salle, ayant mes marques, connaissant parfaitement la place de chaque chose.
Elle m’a expliquée que quelques heures plus tôt, elle avait emmené son fils de 2 ans aux urgences parce qu’il pleurait et se plaignait d’avoir mal dans le bas du ventre, elle pensait à une appendicte, et là, elle venait d’apprendre qu’il avait un cancer du rein.
Comme moi il y a 15 jours, sa vie venait de s’écrouler, tout à coup il n’y avait plus d’avenir, on ne peut penser qu’au moment présent et se dire POURQUOI ? Tout s’arrête autour de vous et les premiers jours, quand on sort de l’hopital, on a presque du mal à regarder une personne rire dans la rue, une maman ou un père qui passe avec ses enfants, leur bonheur vous fait mal parce que vous vous demandez si un jour vous aussi, vous pourrez à nouveau être comme eux.
Une routine s’est installée malgré nous, préparer son sac avant de partir de la maison, prendre la même route, entrer dans le même bâtiment, la même chambre, voir les mêmes infirmières injecter les mêmes produits à des heures régulières…Parfois on regarde sa montre et on dit « elle a sa chimio dans 15 minutes » comme je disais avant « dans 15 minutes on part à l’école ! ».Elle fait presque peur cette routine parce qu’on a peur qu’elle soit synonyme d’acceptation, mais non, je ne peux pas accepter, juste me battre pour que revienne vite mon ancienne routine, école, courses, maison, lessives…Souvent je me disais « ras-le-bol de cette vie routinière » mais maintenant je me dis que c’étais si bien.
« On réalise toujours trop tard que le bonheur était entre nos mains »